Paroisse Saint-Benoît

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35, rue Séverine 92130 Issy-les-Moulineaux
Tél : 01 40 93 42 02 — Courriel : paroisse.saint.benoit.issy@gmail.com

Horaires des messes
(hors vacances scolaires)

Mardi : 19h
Mercredi, Jeudi, vendredi : 8h30

Samedi : 18h
Dimanche : 11h

Histoire de l’église Saint-Benoît à Issy-les-Moulineaux

En 1921, il y avait au 34, rue Ernest Renan, la chapelle du pensionnat Sainte-Philomène.
Elle était à l’abandon depuis le départ des Sœurs Blanches en 1900. Les enfants du quartier cassaient les vitraux pour s’amuser. Peu s’en est fallu qu’elle ne soit vendue pour usage industriel.

C’est alors que le Cardinal Dubois décide d’en faire une chapelle de secours pour la paroisse Saint-Etienne. Et ce fut l’abbé Ouvre qui en fut nommé administrateur en 1921.
Depuis 1903, vicaire à Saint-Etienne, il desservait en même temps la chapelle dite de « la Plaine », une sorte de grange aménagée par ses soins.

Pourquoi choisit-il Saint-Benoît comme protecteur du quartier ?

Il savait que, pendant près d’un siècle, de 1645 à 1750, des Bénédictines, venues de Magny-en-Vexin, avaient essayé de trouver sur la route de Versailles des vocations et des ressources. Sans succès. Et les quelques survivantes furent dispersées par l’archevêque.
Il savait aussi que l’église Saint-Etienne était, à l’origine, une filiale de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, le style du clocher le rappelle.

Il avait également entendu dire que, près du Fort d’Issy, se construirait une chapelle dédiée à Saint Bruno, le fondateur des Chartreux, homme de silence et de prière.
Pourquoi, pensa-t-il alors, Saint Benoît ne viendrait-il pas l’aider à faire place à Dieu en ce faubourg de la grande ville ? Saint Benoît, homme de prière et, en même temps, grand bâtisseur d’abbayes et de communauté, un de ces maîtres qui apprennent aux hommes à coexister pacifiquement en leur donnant du beau travail à faire ensemble pour l’honneur de Dieu.

En fait d’abbaye, le Père Ouvre ne put que faire construire un campanile dont les architectes du nouveau Saint-Benoît ne surent pas soupçonner la solidité ! Quant à la communauté de son rêve, elle reste toujours à rassembler. Mais notre paroisse a, depuis lors, l’honneur de porter, seule de tout Paris, le titre d’un des plus grands saints de l’Histoire.

Qui était donc Saint-Benoît ?

Il naquit en 480 au coeur de l’Italie, à Norcia, dans les montagnes de la Sabine. D’une famille noble, il devait faire son éducation dans la capitale. Mais Rome n’était plus dans Rome. Les barbares étaient passés. Ils avaient démantelés les magnifiques aqueducs qui apportaient les eaux des montagnes. Au lieu d’irriguer la ville et ses jardins, elles allaient maintenant se perdre et se corrompre en des marais. La campagne s’infestait de mauvaises fièvres : la malaria régnait.

C’était l’image de la corruption morale que découvrit le jeune étudiant. C’est pour la fuir que Benoît décida de regagner ses montagnes et finit par s’installer dans les solitudes escarpées de Subiacco.

Il y venait chercher Dieu, s’efforçait de lui donner dans une vie de silence, la priorité absolue. Et voici que par surcroît – c’est la merveille de son histoire – il va rallier autour de lui ceux qui veulent résister, s’unir, reconstruire. Il leur propose avant tout la prière et le travail.

Il sera le père de famille, l’Abbé et, peu à peu, il élabore pour ses fils une règle de vie, la fameuse « règle de Saint-Benoît », petit livret d’une centaine de pages.
On y admire le génie organisateur du romain qui, dans la communauté, prévoit et précise les tâches de chacun mais surtout la bienveillance et la sagesse de celui qui, dans la lumière du Christ, juge tout du point de vue de l’Amour.
Dans une communauté où tous sont différents, seul l’amour pouvait apporter cohérence et harmonie. Et quand la cloche appelait au réfectoire comme à la chapelle, c’était pour rassembler des enfants autour de leur Père Abbé.

C’est ainsi qu’à partir du VIè siècle, dans un monde bouleversé, désemparé, vont s’édifier des centaines d’abbayes avec leur prieurés satellites. C’est autour d’elles que des populations inquiètes reprennent conscience de ce qui les unit et retrouvent le goût de bâtir ensemble. Que de villages sont nés autour d’une abbaye !

Le service de Dieu, le chant de l’office, n’empêchent pas les moines d’être au service de leurs frères. Ils sont maîtres en tous genres de travaux. Mise en culture des sols et tous les petits métiers indispensables en un temps où il fallait produire soi-même les biens de consommation. Maîtres en l’art de construire ces chefs-d’oeuvres que nous admirons encore aujourd’hui au Mont Saint-Michel, à Jumièges ou à Cluny. Qu’il s’agisse enfin de la conservation et de la multiplication des manuscrits on pourra dire « travail de bénédictins » !

Regardons une carte avec le nom de toutes les abbayes bénédictines et nous comprenons que le Pape ait reconnu en Saint Benoît le Patron de l’Europe.
N’avons-nous pas besoin encore de son esprit de sagesse et de son art de faire vivre ensemble et en paix les hommes les plus différents ? Il peut nous aider à rendre habitable un monde en fièvre où l’on cherche des communautés à taille humaine où l’on puisse retrouver le goût de vivre.

A l’école de Saint Benoît 

Ses leçons, son esprit, nous pouvons les retrouver à Saint-Benoît sur Loire, 130 km au sud de Paris. C’est là, au coeur de la France, au plus haut de la courbe de la Loire, que se dresse la basilique où repose maintenant le corps de Benoît. Elle domine la riche plaine du Val d’Or et l’abbaye porte le nom de Val-Fleury. C’est là qu’au VIè siècle, une audacieuse équipée a permis à quelques moines courageux d’aller saisir au Mont Cassin, à mi-chemin entre Rome et Naples, le corps de Saint Benoît. Il y reposait depuis sa mort en 547. Cet enlèvement pouvait paraître un rapt. C’était une mise en sécurité devant la menace des invasions.

A Saint-Benoît, on fête le 11 juillet l’anniversaire de cette translation et cette date est reconnue par l’Eglise pour la fête du Patron de l’Europe.

L’abbaye de Fleury connut bien des épreuves. Désertée, ravagée par la Révolution, elle reprit vie en 1944. 14 moines de l’abbaye de La Pierre-qui-Vire en Morvan sont venus y restaurer la vie monastique.

Pour signifier leur attachement à cette abbaye mère, les paroissiens de Saint-Benoît ont voulu que dans les fondations de notre nouveau Saint-Benoît soient jetées quelques pierres de la grande basilique, quelques unes de ces pierres de Bourgogne apportées à pied d’oeuvre par un canal rejoignant la Loire.

Mais l’important aujourd’hui, n’est-ce pas de faire un peu mieux connaître le message de Saint Benoît à ceux qui dans nos villes surpeuplées cherchent la qualité de la vie plus encore que les moyens de vivre. Il nous rappelle que l’homme écartelé par les contraintes d’une vie mécanisée, chronométrée, dépersonnalisée a besoin de lieux de silence. Il ne se retrouvera lui-même et ne découvrira les liens profonds qui le rattachent au monde où il est plongé qu’en prenant conscience des liens plus profonds encore qui le rattachent à Dieu.

La mosaïque de l’ancien campanile, enfouie par 10 mètres de fond, nous le rappelait « ne rien faire passer avant le Christ », l’important c’est le Christ, notre lien vivant avec le Père. Il est toute notre espérance, le seul qui nous donne des raisons de vivre à la mesure de notre coeur. Et cela, comme nous le répètent tant de vieilles inscriptions monastiques, « pour qu’en toutes choses Dieu soit glorifié ».

Père LEFORT